Tout le monde y est passé ou presque, même la note allemande étant placée sous surveillance négative en raison des mauvaises perspectives de croissance de l’ensemble de la zone euro. Rupture également des négociations entre la Grèce et ses créanciers privés, ce qui « pourrait » placer Athènes en situation de faillite ouverte et définitive si aucune solution n’est trouvée lors de la réunion de la dernière chance mercredi prochain.
S’agissant de la France spécifiquement, on peut mesurer une nouvelle fois le niveau affligeant des commentaires politiques et économiques. Finalement et à quelques si rares exceptions près, tous ces braves gens considèrent que la perte du triple A par la France ne va rien changer… Ils n’ont rien compris !
La crise actuelle de la dette en Europe est due à l’opposition Jupiter-Saturne qui a fait son apparition en 2010 et demeure toujours dans sa partie « directement » active, par conséquent celle des crises ouvertes. Lors de la même configuration en 1989-1990, on avait vu le Système Monétaire Européen (SME, l’ancêtre de l’euro) exploser en moins de 3 ans. Une telle configuration planétaire est la plus négative qui soi, aussi bien au plan de la construction politique européenne que de son intégration monétaire : elle menace à l’évidence même l’existence de l’euro…
Comme au début des années 1990, la crise actuelle de la zone euro à cause des endettements publics irresponsables est une crise « dynamique ». Elle n’est pas « statique », comme tentent vainement de le faire croire les politiciens et la plupart des économistes. Ils avaient déjà tenté la même approche au début de la faillite grecque début 2010 (la Grèce est sauvée !) et on a bien vu ce que cela a donné : la Grèce s’enfonce toujours plus et, fort logiquement, les hausses démentielles d’impôts sur les classes moyennes et la non réduction des dépenses d’un Etat obèse viennent de se traduire par… un effondrement des rentrées fiscales et un approfondissement de la récession !
La crise actuelle de la dette en Europe ne peut que continuer à se développer, c’est une évidence si on l’apprécie dans sa dynamique profonde. Après la Grèce, la France est sans doute l’exemple le plus caricatural : le gouvernement Fillon n’a procédé qu’à des hausses d’impôts avec ses trois plans de « rigueur » et n’a pas eu le courage de réduire le train de vie si excessif de l’Etat comme la démesure des dépenses sociales et le coût faramineux de l’immigration assistée. Cette logique hyper-fiscaliste et anti-économique est d’ailleurs partagée par tous les candidats à la présidentielle, sans aucune exception et en intégrant l’extrême-gauche comme l’extrême-droite. La résultante en est connue d’avance, la Grèce montrant déjà ce qui va se produire : récession accentuée par les ponctions fiscales irresponsables sur les classes moyennes et au bout du compte effondrement inéluctable du produit de l’impôt car, comme le dit l’adage, « trop d’impôts tue l’impôt » ! Par conséquent, on va inévitablement assister à la flambée des taux d’intérêts français et la transformation de la récession en véritable dépression, durable et profonde ! Comme en Grèce…
Nous l’avons écrit ici de nombreuses fois depuis plusieurs années : il n’y a plus de bonne solution à la crise de la dette, il ne fallait tout simplement pas se retrouver en situation de faillite ! A présent, toutes les solutions sont et seront mauvaises, car c’est trop tard… Seule l’Allemagne, parmi les grandes économies de la zone euro, a su s’y prendre à temps mais sur 10 ans… Ni la France ni les autres pays du Sud de l’Europe n’ont évidemment 10 ans devant eux pour s’adapter tranquillement et sereinement : l’histoire leur mord à présent la nuque et va les dévorer, les temps les plus durs sont devant nous…
Ces déficits et dettes ingérables créent non seulement un problème au niveau des taux d’intérêts, et demain au plan de l’inévitable hyper-inflation à cause de la monétisation partielle ou totale de la dette, mais les plans d’austérité ne peuvent qu’aggraver une situation récessionniste déjà évidente. Le serpent va ainsi se mordre la queue et c’est déjà le cas dans le Sud de l’Europe…
Comme dans toute crise européenne (années 1930, années 1970, années 1990), l’effet domino va se poursuivre et la contamination à l’ensemble de la zone euro va se répandre. C’est déjà en cours, bien entendu, et il faut l’aveuglement des dirigeants politiques comme de la plupart des économistes pour encore prétendre l’inverse.
Il n’est pas acquis du tout que la zone euro puisse se maintenir. La France se retrouvant désormais directement exposée par la hausse de ses taux d’intérêts (différentiel de 1,20 à 1,5 point de pourcentage avec l’Allemagne, soit un surcoût qui est déjà de l’ordre de +70%), il est évident que cela menace l’existence même de l’Euro. Et dans l’immédiat le Fond Européen de Stabilité qui, dans le sillage de la France, va aussi perdre son triple A et par conséquent devoir emprunter plus cher… La présidentielle française va aussi avoir des conséquences catastrophiques : elle va paralyser toute initiative politique pour réduire l’endettement sur les six mois à venir ! Mais la crise n’attendra évidemment pas les résultats des scrutins présidentiel et législatifs : elle se poursuivra…
L’année 2012 devrait à cet égard montrer à quel point nous avons eu affaire à des politiciens irresponsables et au clientélisme ruineux. En France bien sûr, mais ailleurs aussi dans les pays du Sud de l’Europe ainsi qu’en Belgique. A l’opposition Jupiter-Saturne va s’ajouter, ou plutôt se renforcer, l’emprise du grand carré Uranus-Pluton qui est synonyme de récession, de hausses d’impôts, de protectionnisme et de destruction de richesses comme de spoliation des classes moyennes : autant de facteurs qui risquent fort de conduire nombre de pays à la ruine pure et simple et à l’explosion d’un euro devenu sans objet et sans aucun fondement. S’il survit, il sera alors réservé à une poignée de pays et il est douteux que la France puisse en faire partie, même si l’Allemagne essaiera sans doute de sauver l’hexagone. Si c’est possible…
Economiquement en tout cas, la France n’ a déjà plus sa place dans la zone euro… Quoiqu’il en soit, l’explosion de l’euro aurait des répercussions monstrueuses sur les économies européennes par la limitation évidente des échanges commerciaux et industriels que cela entraînerait : il s’agirait d’un choc récessionniste supplémentaire en Europe et de la porte ouverte au protectionnisme dont on a bien vu les tristes résultats dans les années 1930 ! Sans compter l’inflation que cela entraînerait de façon immédiate par la dévaluation inévitable et colossale des nouvelles monnaies nationales, ce qui ruinerait le pouvoir d’achat et provoquerait l’envolée du chômage à des niveaux insoupçonnés…
Sur la semaine à venir, pour conclure sur une note un peu plus légère, heureusement que Jupiter et Uranus vont former un demi-sextile positif le mercredi 18 janvier : cela soutiendra sans doute les marchés d’actions et redonnera quelques espoirs à partir de la croissance économique américaine. Cette jolie petite configuration va cependant passer bien vite, jouant sans doute le simple rôle de la corde qui soutient le pendu…
Dés la fin de la semaine et surtout à partir de la semaine suivante, le Soleil va se trouver en effet en situation à nouveau agressive vis à vis de Saturne puis de Jupiter : cela promet sans doute de constituer une nouvelle étape dans la crise de la déliquescence européenne. Si c’est bien le cas, une nouvelle fois, ni les politiciens ni la plupart des économistes n’auront rien vu venir !
Jean-François Richard
http://www.bourseanticipations.com
Graphique sur le demi-sextile Jupiter-Uranus du 18 janvier