Contestation démocratique en Russie : jusqu’où ?

La vague de contestation en Russie a surpris par son ampleur. C’est la première fois que l’oligarchie politique mise en place par Vladimir Poutine se trouve aussi vertement mise en cause. Pour autant, quelles sont les chances de voir un tel mouvement permettre de démocratiser un régime qui, depuis 2007, s’est enfoncé dans l’autoritarisme institutionnel ?

Au plan des configurations planétaires, on peut observer que cet élan démocratique correspond à l’apparition d’un trigone (angle positif de 120°) entre Saturne et Neptune. Or, Saturne et Neptune, c’est toute l’histoire de la Russie !

– Le régime bolchevique a pris le pouvoir en 1917 sur une conjonction Saturne-Neptune (angle majeur et le plus important de 0°), renouvelant tout le cycle entre les deux planètes).

– La conjonction suivante a eu lieu en 1953, correspondant à la mort de Joseph Staline et à de premiers mais vains espoirs de démocratisation du régime soviétique

– La conjonction suivante de 1989 a enfin transformé l’essai démocratique en coïncidant avec la chute du mur de Berlin et à l’instauration d’un régime démocratique en Russie comme dans tous ses anciens satellites d’Europe de l’Est.

On voit ainsi l’effet majeur de ce cycle planétaire Saturne-Neptune pour la Russie. Les conjonctions donnent une sorte d’élan vital à la Russie, pas toujours pour le meilleur, même si la conjonction de 1917 a tout de même eu pour effet favorable de retirer la Russie du carnage de la grande guerre.

Le second repère le plus marquant est apporté par les oppositions entre Saturne et Neptune (angle négatif majeur de 180°), soit l’étape qui correspond à la moitié d’un cycle complet. Cela se traduit toujours par un raidissement et un sectarisme politique intérieur et extérieur de la Russie, souvent par des drames et une restriction des libertés :

– L’opposition de 1936-1938 a correspondu aux procès de Moscou, qui ont conduit à des milliers d’exécutions et des centaines de milliers d’arrestations arbitraires pour conforter le pouvoir encore chancelant de Staline. Les vieux Léninistes ont été éliminés et Léon Trotsky assassiné en 1940.

– L’opposition suivante de 1972-1974 a coïncidé pour sa part au glacis brejnévien : renforcement de la tyrannie bureaucratique à l’intérieur et dernière course ruineuse aux armements de l’URSS, qui l’a finalement conduite à la banqueroute une dizaine d’années plus tard.

– La plus récente opposition Saturne-Neptune s’est produire en 2006-2007 : elle a vu Vladimir Poutine organiser un coup d’Etat institutionnel en parvenant à se faire nommer Premier ministre après deux mandats consécutifs de président de la fédération de Russie. La dérive autoritaire de la nouvelle République russe peut être datée de cette période, le même Poutine étant à nouveau candidat à l’élection présidentielle du printemps prochain…

A l’étape actuelle, on voit que la belle relation qui unit en ce moment Saturne et Neptune (trigone de 120°) relance certains espoirs démocratiques. Cette contestation n’est sûrement pas finie, cette heureuse configuration planétaire devant étendre son influence jusqu’à l’année 2013.

Cependant, il convient aussi, et sans doute surtout, de relever que le cycle Saturne-Neptune est à présent « décroissant » depuis l’opposition de 2006-2007. Et il va le demeurer jusqu’au milieu des années 2020… Or, un cycle planétaire dans sa phase décroissante n’est guère positif « en soi ». Il peut y avoir des sursauts, mais ils sont généralement de courte durée et de maigre ampleur, car la tonalité de fond demeure négative.

On peut donc émettre les plus grands doutes sur les capacités de l’opposition démocratique russe a imposer des concessions à la nouvelle oligarchie, et encore plus à imposer de vraies réformes. Elle peut connaître des succès, surtout sur les mois à venir où Uranus prête également main-forte à Neptune et renforce ainsi la relation positive entre Saturne et Neptune. Mais on peut douter que cela soit suffisant pour ramener franchement la Russie dans le camp des Etats de droit et au respect des libertés fondamentales.

Les dernières élections législatives ont été truquées de façon caricaturale et il n’y a guère de raisons pour que le scrutin présidentiel du printemps soit plus sincère. La contestation enflera sans doute, mais on peut douter qu’elle puisse inverser le cours des choses : l’opposition Saturne-Neptune de 2006-2007, étape charnière majeure, a sans doute ruiné pour longtemps la démocratie russe balbutiante de 1989. Il en restera sans doute une façade, qui constituera au moins un point d’appuis pour aller ensuite plus loin. Mais probablement pas sur cette décennie…

Le 2 janvier 2012

Jean-François Richard

Graphique sur le trigone Saturne-Neptune au 1er janvier 2012

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